Ce matin, comme d’habitude, j’ai été ouvrir la porte de la maison. J’ai réveillé le personnel et allumé la lumière dans la chambre des enfants. Avec un sentiment aigre doux, je suis retournée me coucher dans mon lit. J’ai fait ce matin, le même geste que je fais depuis plusieurs années. Je ne sais pas pourquoi je reviens me coucher, non plus, pourquoi je pense que quelques minutes de plus, entre sommeil et réveil me fera plus de bien que la nuit écoulée ? En tout cas… Mon conjoint est venu se coller à mon dos et à commencer à m’embrasser. Au début, j’ai cru que c’était des salutations très affectueuses, jusqu’à ce qu’il insiste et que ses mains commencent à chercher des zones érogènes sous ma nuisette.
J’avouerai malgré que je ne m’y attendais pas où que je n’étais pas nécessairement « on the mood », ça m’a fait du bien. C’était agréable. Je tournai la tête pour lui demander s’il pouvait bloquer la porte, de peur que de petits intrus arrivent et interrompent nos ébats. Mes yeux tombèrent sur le réveil et à ma surprise, l’heure était très avancée. Je ne devais pas avoir plus de dix minutes avant de laisser la maison. Je risquais d’être en retard. J’essayai de l’arrêter et de le raisonner même à contre cœur. Il ne voulait pas lâcher prise. Le sang était déjà érigé dans sa partie privée, la machine avait chauffé, il devait ramoner le jardin… « Donne-moi cinq minutes », je n’avais pas réagi, « donne-moi deux minutes », je te promets de faire vite. Qu’il fasse vite ne me nuirait pas si je profiterais tout autant pour jouir, mais hélas cela ne fonctionnait pas ainsi. Ma jouissance s’opérait rarement par le travail en canal mais plutôt à la surface du terrain. Ce terrain sans compter les saisons, devait être travaillé de façon particulière. Dix minutes ne suffiraient pas des fois, s’il n’était pas bien irrigué avant la moisson. Pire, l’agriculteur ne devait pas procéder dans l’exercice de ses fonctions sous la pression. Ma terre est spéciale, que voulez-vous que je vous dise ?
Je suis sortie du lit avec peine, il me montra sa pelle prête à labourer mais j’ai dû refuser l’offre alléchante. J’ai refusé parce que je ressentais les frustrations qui suivraient. J’étais sûre qu’il pourrait faire son truc dans le temps imparti et me sortirait sans doute, « tu es tellement bonne que je n’ai pas pu te résister plus longtemps ». Cette phrase qui devait ressembler à un compliment était au fait, un écran de fumée pour montrer qu’il ne pouvait pas fournir des fois, le temps espéré par les hommes. Ces quinze, trente minutes, une heure de temps un homme arrive à baiser est souvent montré dans les montages des films pornos et perpétré par des hommes à l’ego démesuré. La route est bien moins longue si on chronomètre l’activité. Si c’est aussi vrai pourquoi beaucoup d’hommes auraient recours à des boissons énergisantes pour atteindre cet objectif. Le sexe n’est pas une lutte mais une activité plaisante entre partenaires consentants. Ce n’est pas non plus un marathon où celui qui a tenu le plus longtemps est le gagnant. Cela doit se faire normalement, sans recours à des produits illicites et à des combinaisons douteuses qui pourraient s’avérer risqué pour la santé. S’il y a un souci peut-être faut-il consulter un spécialiste. Puis, il y a le facteur âge : à 40 ans vous pouvez ne répondre que de moitié de votre potentiel à 20 ans. Votre partenaire actuel peut ne pas attiser votre libido malheureusement. Il peut simplement arriver que votre alimentation ne soit pas équilibrée, aussi simple que ça, consultez un médecin pour en avoir le cœur net.
Je n’allais pas tomber pour ces mots ce matin. Il avait des yeux de poisson frits, non des yeux d’enfants qui quémandaient l’aumône devant l’église après la messe du dimanche. Revigorés dans notre foi chrétienne, ils arrivaient à recevoir ces sous avec lesquels nous pensions acheter notre salut.
Pas de quickie! Je ne voulais pas d’un truc vite fait où j’étais sûre de ne pas jouir ce matin. Oui, je l’ai fait avant et c’était plaisant. C’est très tentant au début et très intimidant au final quand on n’arrive pas à jouir sur les chaises arrière de la voiture, ou dans la salle de bains. Ces images sont tellement vendues que nous femmes, nous nous sentons bêtes et inaptes au plaisir quand nous ne sommes pas satisfaites de ces clichés. En frisant la trentaine, je me rends compte que je connais mon corps d’avantage. Ceci peut être effrayant parce qu’on a l’impression de se demander si l’on est normale si l’on suit les discours de ses copines, mais d’un autre côté c’est tout aussi grisant de connaitre son corps. Je suis unique et je réclame donc un traitement fait sur mesure. Le pouvoir sexuel c’est ça, savoir ce que l’on veut, avec qui on le veut et comment on le veut.
Mon partenaire le sait aussi, je lui ai appris et nous avons exploré plein de choses ensemble. Mais ce matin, il n’en faisait qu’à sa tête ; l’humain est avant tout un être égoïste. Moi, je connais les frustrations, entre autres, les migraines qu’occasionnent ce genre d’interactions sexuelles. Je ne crois même plus aux promesses qu’il me fait de me servir après l’arrosement du jardin. Vous avez déjà vu un disc-jockey performant après avoir donné son jus sur la piste ? Pas moi, il est rarement performant après pour faire tourner la platine. Le deal serait de me faire jouir avant, comme le dit si bien le chanteur du groupe Klass.
Une énième tentative mais j’ai tenu ferme, je ne voulais pas être grincheuse toute la journée. De plus, confronter l’embouteillage à Port-au-Prince n’a rien d’attrayant. Si nous avions couché ensemble deux ou trois jours avant, je serais probablement partante. J’aurais fait des concessions mais nous avions plus d’une semaine au compteur, je voulais le full service. Dans la vie d’un couple, une semaine peut être une longue période ou peut être courte cela dépend de votre appétit, de vos occupations…
Vous direz que j’ai risqué, qu’il pourrait aller voir ailleurs mais ceci n’empêcherait pas cela. Il pourrait manger tous les jours et plusieurs fois par jour, il mangerait encore dans la vaisselle chez la voisine s’il est vicieux, ou mal servi. J’ai foi en ce que nous avons bâti. Le sexe est pour moi comme toutes autres choses dans la vie ; une question de qualité et non de quantité et je me réjouis de lui fournir un service de qualité après toutes ces années.
Vous me jugerez méchante mais tant pis. Mettez-vous dans ma balance, je ne pratique aucun sport pour le moment, aucune session de yoga. Rien. Tout ici est cher ! Les sorties sont rares. La montée du dollar foût les jetons. Ce pays, le monde est vachement stressant, donc, quand je dois décompresser, je ne lésine pas sur les moyens. Avec plus de quinze ans en couple dont plus de dix ans de mariage, je trouve toujours nos ébats intéressants. Nos activités sont demeurées passionnantes parce-que nous n’avons pas laisser la routine et la médiocrité nous envahir.
Je veux qu’il m’aime au lit comme je le mérite parce que je prends sa satisfaction au pieu très au sérieux et à cœur. Donc, mon cher chéri, on remet ça à plus tard ? Plus tard, nous aurons probablement plus de temps et plus de latitude pour nos galipettes.